Que gagnent les sans-abris pendant la Fête des Lumières ?

Situés aux abords de la place Bellecour, les sans-abris font appel à la générosité des passants toute l’année. Avec un nombre accru de visiteurs pendant la Fête des Lumières, c’est l’occasion pour eux de gagner un peu plus.

Il a tissé de vrais liens avec certains passants qui s'arrêtent chaque semaine pour prendre de ses nouvelles. ©Elvia Giannitelli

Avec 1,8 millions de visiteurs l’an dernier, la Fête des Lumières attire des touristes du monde entier. La place Bellecour, fréquentée par les touristes et les riverains, reste un lieu incontournable. C’est pour cela que Sylvain, alias Vinvin, qualifie cette place de “ meilleur endroit de Lyon ” pour demander de l’argent aux passants. Installé ici chaque jour avec ses amis, également sans-abris, Vinvin explique gagner plus pendant la Fête des Lumières : “ Il y a plus de monde donc plus de personnes sont susceptibles de nous donner une pièce. Les gens donnent surtout parce qu’il fait froid et qu’ils comprennent que c’est compliqué de vivre dehors dans ces conditions.” Cependant, ce n’est pas nécessairement pendant les horaires de la fête qu’ils gagnent le plus d’argent. “Hier, j’ai réussi à récolter 60€ entre 2 heures et 6 heures du matin, alors que je gardais les affaires tout seul. Habituellement, sur ce créneau horaire, je ne gagne rien. Mais avec les jeunes qui font la fête chaque soir de l’événement, cela me permet de récolter plus. Je peux me faire jusqu’à 200€ par jour parfois ”, confie-t-il.

Un “ travail à plein temps ”

Faire la manche est considéré pour eux comme un “ travail à plein temps ”. Il n’est pas rare d’entendre l’un d’entre eux dire : “Je reviens dans une heure ou deux, il faut que j’aille travailler ” (comme l’a fait Eliott à plusieurs reprises durant notre immersion N.D.L.R.). Pour eux, ce “ travail ” demande beaucoup d’énergie et change entièrement leur gain du jour : “ Si je reste assis à discuter avec mes amis, je vais gagner quelques sous parce-que les gens me connaissent, mais ce ne sera pas grand chose. Alors que si je me lève, que je vais vers les gens, en leur souriant, en demandant poliment, en les faisant rire, là je peux me faire beaucoup plus sur une journée ”, explique Vinvin. Même si par mois il estime se faire entre 1 500€ et 2 000€, la plupart des sans-abris n’arrivent pas à économiser d’argent pour vivre décemment. “ C’est compliqué pour nous d’économiser cet argent. Dès qu’on a quelques pièces, on va directement s’acheter à manger, à boire, ou des cigarettes, donc cette petite monnaie ne fait pas long feu. Parfois, on économise pour acheter des habits dont on a vraiment besoin, mais on ne peut pas économiser plus que cela, surtout que, généralement, nous n’avons pas de compte en banque”, conclut Vinvin. Lorsqu’ils gagnent un peu plus, ce groupe d’amis n’hésite pas à tout partager entre eux ou alors à faire la fête pour en profiter tous ensemble. Cependant, tous les sans-abris ne gagnent pas autant par mois. Cela varie en fonction de leurs rapports aux autres, ou encore du quartier dans lequel ils se trouvent.

Léa DUBUC