Pour de nombreux sans-abris, la Fête des Lumières est un moment pénible à passer. Leur quotidien se voit chamboulé par la foule, le bruit et la lumière des illuminations. Mais pour certains comme Fabrice, alias Renard, qui découvre les festivités pour la première fois, c’est un bon moment.
Renard est arrivé à Lyon en février dernier. Il s’est lié d’amitié avec Sylvain, alias Vinvin, un autre sans domicile fixe installé place Bellecour. Cela fait maintenant plusieurs semaines que son acolyte lui parle de la Fête des Lumières. Hormis les difficultés que peut engendrer la fête pour les SDF, il semblait important pour Renard que son ami lui fasse découvrir les illuminations. “Je suis déjà venu à Lyon à plusieurs reprises. Cette ville était pour moi un lieu de passage. C’est la première fois que j’y reste aussi longtemps. Je devais repartir en début de semaine, mais j’ai décidé de rester pour les illuminations ”, précise Renard.
Très spontané et sociable, les mouvements de foule de ces quatre soirées d’illuminations ne déplaisent pas au jeune homme de 24 ans. “ J’aime qu’il y ait de la vie autour de moi. Plus de monde, c’est aussi plus d’argent récolté pendant la manche ”. Nous l’avons donc accompagné durant sa “ virée parmi les lumières ”. Guidé par Sylvain, ils se sont faufilés dans la foule place Bellecour, place des Jacobins et place des Terreaux, pour voir la ville s’illuminer. “ Cet événement est ouvert à tout le monde, qu’on soit pauvre ou riche ça ne fait aucune différence ”, apprécie le jeune homme. Ce passionné d’art ancien est confronté à une projection ultra moderne, place des Jacobins, qu’il apprécie finalement. Seul petit bémol, Renard est myope et n’a pas les moyens de se payer des lunettes correctrices. C’est donc avec une vision floue et grossière qu’il perçoit les illuminations. “ Je n’ai pas de lunettes, alors pour moi tout est décuplé, c’est une autre façon de voir les choses, mais ça reste tout aussi beau même sans tous les détails ”.
“ Le vin chaud, ça me rappelle ma famille ”
Pas de Fête des Lumières sans un bon vin chaud à l’orange, de quoi faire resurgir de bons souvenirs. “ Le vin chaud, ça me rappelle ma famille, ma sœur et ma mère. C’est elles qui m’ont fait découvrir ça durant les vendanges ou les marchés de Noël ”. Après cette Fête des Lumières, Renard compte bien repartir pour une autre ville. Cet ancien paysagiste, amoureux de la nature n’oublie pas pourquoi il est à la rue. “ Quand j’étais petit, j’avais deux rêves. Celui de devenir un dragon et celui d’avoir un camion avec lequel je parcourais le monde ”. C’est pour cette raison qu’il a quitté son appartement et qu’il se retrouve à la rue depuis un an et demi, “ pour économiser et m’acheter mon camion ” explique-t-il. Entre autres destinations qu'il souhaite découvrir, on peut noter le Portugal ou encore Marrakech. Il envisage peut-être aussi un autre passage à Lyon, pour renouveler son expérience à la Fête des Lumières.
Mickaël ROBERT
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