Les abords du Monoprix de la place Bellecour sont connus pour être un lieu où résident des sans-abris. C’est là-bas que Sylvain et Rémi, alias Vinvin et Rem’s, passent leurs journées. Situés aux premières loges de la Fête des Lumières, nous sommes allés vivre l’événement auprès d’eux. Entre esprit de famille, solidarité des riverains et incertitude du lendemain, voici leur quotidien…
9h30 du matin, Rem’s, à la rue depuis deux ans, s’est fait réveiller par des policiers quelques heures plus tôt. Il s’installe à son endroit habituel pour faire la manche : près du Monoprix de la place Bellecour (2e arrondissement de Lyon.) Les heures passent, et ses amis le rejoignent, eux aussi sans-bris. “On ne sait jamais quand les autres vont nous rejoindre, mais on se retrouve toujours ici pour partager des moments ensemble”, explique Vinvin, un autre de ces sans-abris.
Un esprit de famille omniprésent
Ils font la manche ensemble et s’entraident dès qu’ils ont besoin d’acheter quelque chose. Au-delà de l’aspect financier, ils se protègent aussi des vols et des bagarres. “Même si parfois il peut y avoir quelques désaccords, s’il arrive quelque chose à l’un d’entre nous, nous serons forcément là pour le défendre ou pour surveiller ses affaires le temps qu’il revienne. Pendant la Fête des Lumières, on doit être encore plus vigilant”, poursuit Vinvin, à la rue depuis plusieurs années et de retour à Lyon pour se rapprocher de son fils. Il a même prévu d’accompagner Renard, un autre sans-abris arrivé sur Lyon depuis peu, pour découvrir ensemble la Fête des Lumières, puisque Vinvin connaît l’événement depuis son plus jeune âge.
L’esprit de famille est extrêmement présent dans le groupe, bien qu’ils aient seulement le strict minimum pour vivre. Loulou, l’une des plus âgées de la bande, a même décidé d’offrir des cadeaux à tous ses amis, après une journée de manche fructifiante. “C’est important de leur offrir des choses, ça leur fera plaisir et surtout Noël approche, il commence à faire très froid. Si cela peut leur changer les idées, c’est la moindre des choses que je puisse faire.”
Des visions différentes de la Fête des Lumières
Bien qu’ils soient compagnons de débrouille, les membres de ce groupe restent indépendants. Et chacun détient sa propre vision de la Fête des Lumières.
Entre incertitude et débrouille
Même si toute l’année leur quotidien est bien rodé, l’arrivée de la Fête des Lumières provoque chez eux quelques incertitudes. “On a eu aucune information sur l’installation du périmètre de sécurité. On ne sait pas si on va pouvoir rester ou non. La seule chose dont on est au courant, c’est que le gérant du supermarché à côté a demandé aux forces de l’ordre de nous laisser cet emplacement pendant la Fête des Lumières car nous ne dérangeons personne”, confie Rem’s peu avant le début de l’installation de ce périmètre.
Conscients qu’ils ont beaucoup d’affaires entreposées qui sont susceptibles de gêner le passage, ils cherchent à trouver une solution afin de ne pas déranger les visiteurs de la fête tout en évitant les vols. Par chance, les riverains, ont exceptionnellement accepté pour l’occasion de les laisser entreposer leurs caddies d’affaires et leurs quelques réserves de nourritures dans leur hall d’immeubles.
Cependant, le groupe ne sait jamais à l’avance s’ils vont pouvoir rester sur “leur” périmètre durant la Fête des lumières. Mais en ce début de fête, après une première installation de barrière de sécurité très proche d’eux, les agents présents ont ensuite décidé de décaler les barrières. Cela permettrait aux passants de mieux circuler, tout en laissant à ce groupe de sans-abris l’espace nécessaire pour rester sur place. Un soulagement pour eux, même si Vinvin reste prudent : “pour l’instant on peut rester, mais rien ne nous dit que cela va durer. Ce weekend, quand il y aura encore plus de monde, nous pourrons toujours rester ici.”
Léa DUBUC et Mickaël ROBERT
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