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OFF : “ Le seul objectif est de faire en sorte que la fête soit un succès commercial ”

Dernière mise à jour : 9 déc. 2019

Paul Boino, professeur d’urbanisme et d’aménagement à l’université Lyon 2 nous a fait part de son coup de gueule sur la Fête des Lumières. Il regrette l’accueil des touristes qui se fait aux dépens des habitants, sans aucune régulation de la part de la Ville. Il prône le voyage, la véritable découverte d’un territoire en opposition au tourisme “ de masse ”.

Paul Boino accuse la Ville de ne pas réguler la Fête des Lumières, qui se déroule aux dépens des habitants. ©Mickaël ROBERT

Vendredi 22 novembre, plusieurs personnes se sont réunies à l’initiative de l’office d'anti-tourisme de Grenoble à l’atelier des Canulars. C’est dans le 7e arrondissement de Lyon qu’ils se sont retrouvés pour évoquer les problèmes découlant de la Fête des Lumières. Parmi les différents intervenants présents à cette conférence, Paul Boino pousse un coup de gueule sur la manière dont la Ville accueille les touristes, aux dépens des habitants : “ Les touristes ont le droit de venir visiter Lyon et d’être bien accueillis, mais il y a des gens qui essayent de vivre ici, ou de survivre. Est-ce qu’on met autant d’argent dans la Fête des Lumières qu’on en met pour l’accueil des SDF, des réfugiés, ou pour que les gens qui, quelque soit leur niveau de revenu, puissent se loger en centre ville. ” Pour l’enseignant, ce tourisme, qu’il qualifie “ de masse ”, se fait sur le dos de la ville et de ses habitants qui “ n’arrivent plus à se loger avec des appartements reconvertis en Airbnb, ni à acheter à manger avec des commerces transformés en commerces pour touristes. ” Paul Boino accuse la puissance publique, en l’occurrence le maire de Lyon, Gérard Collomb : “ Il n’y a aucune régulation des trottinettes, des vélos, de la publicité, de la pollution lumineuse, bref, sur l’ensemble de ce qui fait la vie quotidienne de la ville. Le seul objectif est de faire en sorte que cette Fête des Lumières soit un succès commercial, sans prendre en compte les habitants. ”


“ L’industrie touristique masque les réalités de la vie quotidienne ”


Si certains parlent de “ tourisme alternatif ”, plus écologique et éthique, Paul Boino n’envisage pas cette solution : “ On retombe toujours sur les mêmes problèmes, la massification a un impact sur le territoire. Un impact sur le prix des logements, sur ce qu’on trouve à manger, sur la tranquillité. Il faut poser les choses comme elles sont, le tourisme est une activité économique et donc on cherche à faire du profit. ”

Le professeur regrette par ailleurs ce tourisme mythifié, de passage, où les gens ne visitent que ce qui est considéré comme “ typique ” : “ L’industrie touristique masque les réalités, l’espoir, les désespoirs, la vie quotidienne, ce qui fait le sel, les singularités d’un lieu, tout ça au bénéfice d’images archétypales qui sont très loin de la réalité. ” Il oppose ainsi le tourisme au voyage. Pour lui, il faut prendre le temps de découvrir la vraie vie des habitants, “ les bonheurs et les douleurs des territoires.” “ Ce qu’on vit n’est que la descendance du Club Med, avec une espèce de folklorisation de ce que sont les pays ”, dénonce-t-il.

Samedi 7 décembre, plusieurs des membres présents à la conférence chanteront des titres comme Bella Ciao ou encore Le Chant des Partisans, ponctués de slogans pour faire entendre ces idées. Le lieu et l’heure ne sont pas encore connus.


Prescillia BOISSEAU, propos recueillis par Mickaël ROBERT

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