Si pour certains la Fête des Lumières est un moment de bonheur et de partage autour des illuminations, pour Sonia* c’est un mauvais souvenir. À la rue alors qu’elle n’avait que 22 ans, elle revient sur son histoire 20 ans après.
Après avoir perdu ses parents, c’est la descente aux enfers pour la jeune femme de l’époque. Issue d’une famille pour le moins violente et divisée, elle n’a aucune attache et se retrouve démunie d’un toit. Chaque jour pour elle devient une lutte pour se nourrir. Et ce, durant quatre mois. Des épreuves qui l’ont touchée, et créent chez elle un profond traumatisme. “ Ce qui me permet de tenir aujourd’hui, c’est mon fils, il a 21 ans, il est autiste, je me dois d’être là pour lui. Je n’ai plus personne autour de moi, mes frères et sœurs m’ont tourné le dos “, témoigne Sonia en s’effondrant. Aujourd’hui, la quadragénaire est sur ses gardes comme la plupart des personnes ayant été abandonnées et mises à l’écart de la société. Elle ne fait confiance à personne, mis à part aux membres de l’association Donner des ailes, qui nous ont permis de la rencontrer. C’est chez elle, dans son appartement à Villeurbanne, qu’elle s’est confiée à nous. Au milieu d’un salon sombre, elle fond en larmes à notre première question : quels souvenirs avez-vous de la Fête des Lumières ? “ Je fermais les yeux, je ne voulais pas regarder les illuminations. Vous savez les gens ne vous regardent pas, ils ne pensent pas aux pauvres et aux malheureux dans la rue. J’étais invisible."
" La Fête des Lumières importe peu, malheureusement c’est une réalité "
Pour l’aider à traverser ses épreuves et à ne pas rester fixée sur son passé, Sonia est accompagnée par l’association Donner des ailes et principalement par Asma Ghabi, médiatrice. Cette dernière explique : “ Pour des personnes qui ont été dans une situation extrême comme Sonia, la Fête des Lumières importe peu, malheureusement c’est une réalité. C’est une femme qui s’est beaucoup battue dans sa vie. Quand on n’a pas à manger et qu’on lutte contre le froid, les illuminations ne sont pas une priorité. “
Aujourd’hui encore, Sonia n’est toujours pas retournée à cet événement, elle envisage d’y aller cette année, un moyen pour elle d’affronter ses vieux démons. Elle veut y faire passer un message aux sans abris : “Pour certains la lumière est synonyme d’espoir, je leur souhaite qu’ils s’en sortent. "
Mickaël ROBERT
*nom de substitution, la personne interviewée a décidé de témoigner anonymement.
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