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“ Le but, c’était de se promener à Lyon sans accrochage ”

Nous avons rencontré Monique Jallot et René Compigne à la résidence Margaux, EHPAD du 9ème arrondissement de Lyon. Ces nonagénaires ont connu la Fête des Lumières dès leur plus jeune âge. Si tous deux admettent avoir été émerveillés au départ, ils se remémorent avec quelques regrets l’évolution des festivités au fil des années et de leurs dernières visites.


Monique Jallot et René Compigne ont tous deux 92 ans. Si leurs premiers souvenirs de la Fête des Lumières remontent à leur enfance, la chose qui semble immédiatement revenir à l’esprit de ces Lyonnais, déjà à leur époque, c’est la foule. Pour Monique Jallot qui évoque “ le chahut des jeunes ” : “ Le but, c’était de se promener à Lyon sans accrochage. ” Monique Jallot n’aimait d’ailleurs pas vraiment se balader au milieu de ces milliers de personnes. Elle explique qu’elle achetait le journal le lendemain pour y voir les monuments illuminés auxquels elle n’avait pas pu accéder. René Compigne, Croix-Roussien, se souvient également : “ On ne pouvait pas circuler, il n’y avait que les piétons et même eux avaient de la peine à se bousculer contre les vitrines pour voir un petit spectacle.


“ C’était les commerçants qui, spontanément, créaient ces décors ”


Monique comme René ont commencé à aller à la Fête des Lumières vers l’âge de dix ans. “ Mon père m’emmenait sur le quai Saint-Antoine pour voir la manifestation, là où étaient situés ses bureaux de bijouterie, on était en sécurité ”, se remémore Monique. Comme René, elle se rappelle notamment des nombreux lumignons sur les rebords des fenêtres des appartements. L’homme décrit, lui, les débuts de la fête, avec des animations à l’initiative des commerçants : “ C’était eux qui, spontanément, créaient ces décors de façon à valoriser leurs produits, la municipalité ne participait pas du tout à ça. Donc ils amélioraient leur présentation, ils faisaient des décorations avec leurs produits. C’était l’occasion de regarder les vitrines avec un éclairage particulier, ça attirait beaucoup de monde !


“ Je n’y ai pas trouvé le même intérêt, la même richesse d’idées, de situations ”


Monique Jallot et René Compigne notent un vrai changement entre la fête telle qu’ils l’ont connue enfants et lorsqu’ils y sont retournés plus tard. Monique semble regretter que l’origine religieuse se perde : “ C’est pas du tout la même chose qu’avant, les gens ont laissé tomber l’origine religieuse pour adapter les choses autrement. Au lieu de mettre des lampions on met des rampes de lumières etc. ” Le 8 décembre, elle pense d’ailleurs mettre une petit verre avec une bougie dans sa chambre, près de sa statuette de la Sainte Vierge. Cette dernière a noté également, au fil des années, une ambiance changeante avec l’envahissement des rues : “ On recevait des lampions sur la figure, des feux de bengale ! ” René Compigne regrette l’ampleur qu’ont pris les animations, lui qui a connu la fête entre les années 1945 et 1956. Parti dans le Vaucluse au moment de la retraite, il dit avoir été déçu lorsqu’il est revenu, avec sa fille : “ C’était des animations de la Ville, c’est de la publicité, je n’y ai pas trouvé le même intérêt et la même richesse d’idées, de situations.

Pour la Fête des Lumières, l’EHPAD a prévu de disposer des lumignons sur les rebords des fenêtres des résidents, de quoi leur rappeler leurs souvenirs : “ Si ça ne fout pas le feu à la maison oui ! ”, s’exclame en riant Monique Jallot.


Prescillia BOISSEAU

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